Eduquer et dresser son chien
(article en cours de rédaction et publié au fur et à mesure)

Sommaire

 

1 - Comment le chien construit sa pensée.
2 - Comment le chien perçoit son environnement.
3 - Premiers pas

1 - Comment le chien construit sa pensée.

Passionné par le fonctionnement du cerveau, j’ai toute ma vie cherché à comprendre comment il fonctionne. J’ai bien sûr pris connaissance de tout ce que j’ai pu trouver comme informations concernant la chimie du cerveau et les aspects physiques, électriques, hormonaux, de cet organe fascinant.

Mais il y a d’autres clefs pour aborder le cerveau et la manière dont la pensée se construit, l’une d’elles, très proche du behaviorisme, est d’observer et dresser des chiens en s’aidant des découvertes de ceux qui ont construit les premières modélisations de la synthèse de la pensée, en particulier Pavlov, prix Nobel en 1904 pour ses travaux.

Des travaux tellement dérangeants qu’ils restent encore aujourd’hui mal compris et très peu utilisés. Il me faut citer également les travaux menés de 1945 à 1960 par le « Jackson Laboratory » sur l’adaptation du cerveau à l’environnement. Freud, autre génie précurseur, est bien utile aussi pour comprendre comment le cerveau produit de la pensée.

Au fil du temps en compilant tout ce que j’ai pu apprendre, je me suis construit mon propre modèle de synthèse de la pensée qui me permet de comprendre et de dresser mes chiens.
N'ayant personnellement pas d'objectif particulièrement ambitieux en matière de compétition, comprendre et éduquer me parait au moins aussi important que dresser.

Notions de base :

Le chien est un prédateur.
Le chien élabore sa pensée à partir de réflexes innés ou appris.
Les réflexes se déclenchent à la réception d’une information (vue, odorat, son, etc.)
Le chien dispose de différentes configurations de son système végétatif : vie sociale, chasse, sexualité.

- Le chien prédateur.

Même si ça peut faire sourire en présence d'un chihuahua c'est à prendre en compte avant toute chose, les caractéristiques psychologiques et physiques, l'organisation sociale, l'ensemble des pulsions des chiens ont pour principal objectif de capturer des proies pour se nourrir. Le reste c'est l'intendance : vie sociale, reproduction, territoire, sécurité … Plus loin nous verrons qu'il est important de savoir comment fonctionne la vue, l' odorat et l'ouie du chien pour pouvoir se mettre à sa place et le comprendre.

- Les réflexes.

Le réflexe est une réponse motrice ou psychologique à un signal.

Le réflexe est déclenché par un signal qui peut être visuel, sonore, olfactif ou encore tactile. Il doit être d’un certain niveau qu’on peut appeler « seuil de déclenchement ». Chaque race a des caractéristiques particulières: un dogue, chien de garde et de guerre très efficace donc dangereux, a été sélectionné pour ne déclencher ses réflexes de travail qu’en cas de signal fort, il est donc parfaitement gérable dans la vie normale de la famille. Par contre un border collie qui doit être pilotable au millimètre a été sélectionner pour réagir au moindre signal.

La palette de réflexes innés dont dispose chaque chien est très variée, plus ou moins riche, adaptée à des fonctions très différentes ; chasse, garde, compagnie. Au fil des siècles les hommes, à partir d’un réservoir présent chez l’animal sauvage, ont sélectionné des réflexes innés adaptés à des usages spécifiques. Exemple : chiens d’arrêt, bergers, garde, …la sélection des réflexes s’est accompagnée en parallèle d’une sélection des qualités physiques nécessaires.

Les réflexes innés sont intégrés dans le cerveau à la naissance et font partie du patrimoine génétique de l’animal. Le dressage ou simplement l’adaptation à des situations va créer des réflexes appris et conditionnés. Le dressage consistera notamment à mettre en place un signal qui s’appelle un ordre. (Assis, couché, debout, etc.)
Les réflexes peuvent être simples : obstacle sur une trajectoire = saut. Ils peuvent aussi être très compliqués et comporter diverses actions comprenant notamment une reconfiguration complète de l’organisme : vue d’une proie = démarrage, augmentation du pouls, de la tension, etc., on y reviendra.

- L’agressivité positive :

« L’agressivité positive », permet à l’animal d’affronter les informations qu’il perçoit de son environnement, le niveau d'agressivité positive est spécifique à chaque individu. Il fluctue par ailleurs pour un même individu suivant le contexte ( jour, nuit, stress, travail, vie sociale ).

Pour permettre qu’une action se déclenche, un niveau « d’agressivité positive » suffisant est nécessaire, sinon c’est la fuite, l’animal se cache, fuit, ou encore tombe dans un état d’abattement qui ne lui permet plus d’agir.

Une bonne gestion de « l’agressivité positive », en particulier avec des races très sensibles, permet au dresseur de conserver toute l’énergie du chien à son service.

- La configuration.

L’ensemble du système nerveux d’un chien à la particularité de se configurer différemment suivant l’activité pratiquée. Repos, chasse, vie sociale, reproduction, … Suivant le type de configuration le chien va fonctionner complètement différemment. Tout son système végétatif va s’adapter à l’activité (tension, rythme cardiaque, …), le système nerveux va véhiculer l’information pour servir au mieux les objectifs recherchés.

Exemples : Un chien de chasse en action ne sentira pratiquement plus ni la douleur ni le froid, il entendra préférentiellement les bruits tels que frottement, glissement, craquement et très peu la voix de son maître, il verra bien mieux les objets en mouvement que l’environnement statique, bien sûr chaque race a ses spécificités.

Au contraire, en configuration « vie sociale » le chien sera très sensible au toucher, plus calme, très attentif à ce qui l’entoure et particulièrement au statut social de ses congénères canins et aux humains. Chaque individu affichera clairement sa soumission à ses congénères placés au-dessus de lui dans la hiérarchie.

La polarisation du cerveau est encore plus évidente dans les phases dédiées à la reproduction !!

- La hiérarchie :

Si le chien s'est bien adapté à la société humaine - mais ce n'est bien sûr pas la seule raison - c'est parce qu'il possédait des règles de vie sociale qui facilitaient l'opération : soumission au dominant, propreté du lieu de vie, travail en équipe.
La soumission au dominant est un réflexe qui déclenche des attitudes très explicites (queue sous le ventre, léchage, le chien se couche sur le côté, …), par ailleurs la soumission s'accompagne d'une diminution drastique de « l'agressivité positive ». Il est donc important de ne l'utiliser qu'à bon escient et d'apprendre au chien qu'au signal (attitude, ton de la voix) il entre instantanément en soumission mais que pour autant il ne court aucun risque et qu'il pourra en sortir tout aussi vite et sans traumatisme. C'est tout l'art du dressage si on veut disposer de 100% du potentiel de travail du chien.
En effet, on le verra plus loin en détail, le chien mémorise à vie l'ensemble de l'environnement qui accompagne une expérience désagréable. N'ayant pas la capacité de comprendre il lui faut mémoriser tous les détails pour éviter plus tard une situation similaire. Un dresseur qui s'énerve, perd son contrôle et fait mal ou peur à son élève, perdra automatiquement une part du potentiel de ce dernier. Donc si on s'énerve, on arrête la séance sur un petit exercice facile et déjà maîtrisé.

- La chasse

Le travail du prédateur c'est la chasse. Pour obtenir 100% de votre chien il doit avoir l'impression de chasser. En action de chasse la hiérarchie disparait pour laisser place à une règle simple, chacun mène l'action suivant ses qualités : le meilleur nez pour suivre une trace, le plus rapide en vue de la proie, le plus mordant pour intercepter. Dès que la proie est capturée les règles sociales s'imposent à nouveau.
Ce qui n'est pas évident à comprendre c'est que le dresseur va tour à tour être soit le dominant, soit le partenaire. Le dominant pour les blocages et les mises en place, avec des attitudes de dominant et l'instant d'après, dans l'action, le partenaire excité par la proie. Ce jeu de rôle est naturel pour un chien mais l'est moins pour un humain. Certain maîtres ont du mal à comprendre que leur chien les prend pour un congénère. Bien comprendre et respecter les règles hiérarchiques est primordial pour obtenir un bon résultat.
Personnellement je vais bien plus loin dans la relation. J'ai observé comment ma petite meute s'organise pour la chasse et constaté que si l'un d'entre ses membres a établi le contact avec une proie et démarre, le suivant s'il n'a pas la proie dans son champ de vision va traiter le premier comme une "proie virtuelle" au vu de son attitude et notamment de ses aboiements typiques.

Cette stratégie va constituer une sorte de lien entre les chasseurs et donner toute sa cohérence à l'action commune : le premier motivé par la proie, le second par le premier et ainsi de suite. Pour dresser son chien on dispose donc de différents outils : on peut jouer le maître, le partenaire ou la proie. Observez le chiot qui apprend la vie et la chasse avec ses congénères, il est tour à tour le dominant, soumis, poursuivant, poursuivi.

Une fois les bases acquises il n'est plus utile en général de jouer soi-même la proie, sauf pour jouer ou peut-être en agility. La proie est fournie par l'activité : moutons, homme d'attaque, boudin, balle, ...

- La mémorisation

C'est un point important puisqu'il s'agit d'apprendre. Globalement on peut dire que c'est l'émotion qui provoque la mémorisation. Il y a des émotions désagréables, d'autres au contraire provoquées par le plaisir. Les deux cas vont provoquer la mémorisation de tous les détails de l'environnement pendant l'évènement mais aussi pendant les quelques secondes qui ont précédé et suivi.

En effet le chien n'a pas de "moi", il est incapable de se projeter dans l'avenir ou le passé comme nous le faisons pour comprendre pourquoi ou comment un évènement se produit, il ne peut qu'enregistrer les informations qui l'accompagnent, pour plus tard, soit les fuir si elles sont associés à une douleur ou une peur, ou au contraire refaire avec enthousiasme ce qui lui a réussi dans une situation similaire.

Les expériences désagréables vont donc avoir quelquefois des conséquences difficiles à déchiffrer pour l'humain. Le chien va par exemple avoir plus tard peur de l'endroit où les choses se sont passées ou encore du bruit du véhicule qui passait à côté et pas du tout de la vraie raison : la cloture électrique qu'il a frôlé. Punir un chien n'a pas de sens, il ne peut pas comprendre cette action et celà crée des microtraumatismes qui abiment la relation avec le maître. La bonne solution est d'utiliser la dominance pour inhiber l'action en faisant diminuer l'''agressivité positive". On verra plus tard ce que ça signifie exactement.

L'émotion la plus agréable pour un prédateur est le moment de la capture de la proie. Elle est facile à créer : lui jeter la balle, le faire mordre dans un boudin, etc. Ces moments sont très importants pour inscrire les exercices réussis dans la mémoire du chien, il faut s'appliquer à prendre le temps et l'énergie nécessaires. N'oubliez pas que pour votre compagnon il s'agit d'une capture avec mise à mort !!

Il y a une émotion que je n'utilise jamais mais qui fonctionne bien, c'est d'offrir de la nourriture pour dresser son chien. Très efficace en exposition pour obtenir des attitudes éveillées et actives, ou encore pour des spectacles de cirque ou des numéros de dressage comme l'obéissance rythmée. Cette relation qui permet à n'importe qui d'obtenir une attitude de mendicité d'un chien ne me satisfait pas, mais je suis bien obligé de dire que ça fonctionne.

2 - Comment le chien perçoit son environnement.

Le chien ne perçoit pas son environnement comme nous ce qui peut conduire à des incompréhensions entre lui et nous. On ne pourra jamais complètement savoir ce qui se passe dans sa tête mais on peut au moins essayer de s'en approcher. Comprendre le monde sensoriel du chien va nous permettre de développer un vocabulaire commun.

Même si les neurophysiologistes trouveront que c'est très réducteur on s'intéressera surtout aux 5 sens classiquement répertoriés : goût, odorat, audition, vision et toucher.

L'odorat : contrairement à l'homme qui se sert en premier lieu de ses yeux, le chien vit dans un monde d'odeurs et de sons. Ses capacités olfactives sont incroyablement plus développées que les nôtres et carrément inconcevables chez certaines races comme le Saint-Hubert. C'est très pratique pour la chasse ou le pistage mais en même temps cette particularité a aussi pour conséquence que votre chien sera perturbé par des odeurs que vous ignorez complètement. Le chien utilise aussi son odorat pour communiquer avec ses congénères mais aussi avec les humains qui ne s'en doutent pas. Dominance, agressivité, sexe, territoire, les odeurs véhiculent nombre de renseignements.

L'audition : là aussi nous sommes très différents, le chien entend bien mieux que nous et en plus ses organes sensoriels sont configurés pour la chasse, il perçoit les ultrasons ce qui lui permet par exemple de suivre une piste en écoutant le bruit de la végétation qui se redresse. Autre différence importante, le chien comme beaucoup d'animaux situe très précisément la sorce sonore dans l'espace et même le trajet du son ce qui lui permet d'attaquer dans le noir. Personnellement j'habitue mes chiens à être attentifs au chemin sonore de mes ordres et conseils ce qui permet de véhiculer plus de contenu.

La vue : là encore des différences notables avec l'humain, assez faciles à comprendre si on se rappelle que le chien est, comme le loup, équipé pour la chasse. Le chien est moins sensible aux couleurs mais perçoit très bien les contrastes ce qui lui permet d'évoluer la nuit. Là ou nous ne distinguons qu'un gris/noir uniforme le chien verra distinctement les formes. Cette particularité a un effet pervers que beaucoup de gens ignorent, le chien est facilement ébloui, par exemple le reflet du soleil sur un obstacle d'agility. Le chien voit aussi avant tout ce qui bouge et ce qui a changé depuis son dernier passage dans un lieu.

Le toucher : difficile d'imaginer précisément comment le chien utilise ce sens qu'il met en oeuvre avec ses poils et en particulier les vibrisses, des poils particulièrement bien innervés et mobiles. Le chien s'en sert pour explorer son environnement, ses proies et ses congérères. Tout le monde connait aussi l'effet déstressant des caresses mais en même temps on remarquera qu'un chien est quelquefois extrèmement sensible au moindre effleurement qu'il peut interprèter comme une agression. Il est important de bien habituer son chien à être touché et manipulé car ce n'est pas naturel pour lui. Le toilettage est le moment privilégié pour celà.

Le goût : La sensibilité gustative du chien est bien inférieure à celle de l'homme, même s'il a une grande langue il possède 4 fois moins de bourgeons gustatif que nous.

3 - Premiers pas

La période d'adaptation : pendant les cinq premiers mois de sa vie le chiot va découvrir son environnement et s'y adapter. Passé cette période il pourra bien sûr s'adapter encore à de nouvelles découvertes mais pas à 100%. Il faudra donc lui faire découvrir tout ce qui fera son quotidien plus tard : la nature, la ville, les collègues chiens et animaux, les humains de tous les âges, vos habitudes de vie et la famille, la voiture, la discipline et l'entrainement si vous pratiquez, etc. Il s'agit bien de faire découvrir de la manière la moins traumatisante possible pour qu'il s'adapte progressivement.

L'adaptation la plus délicate est celle à la soumission et au stress. En effet il va falloir faire comprendre au jeune chien que les signaux extrêmement fermes et autoritaires de son maître, et qui provoquent chez lui le réflexe de soumission, ne comportent aucun risque de maltraitance, mais au contraire annoncent une prochaine action très excitante. Réussir cette phase permettra de conserver toute l'énergie et la motivation dans le travail. La phase de soumission est utile aussi car elle permet de capter 100% de l'attention du chien

On répétera les blocages sous pression et autorité avec des démarrages enthousiastes pour des actions simples et ludiques : attraper la balle, mordre un boudin, ...

Une fois obtenue une bonne soumission confiante, le décor est planté. Vous avez maintenant l'outil pour amener votre chien oû vous souhaitez

à suivre

 

 

 

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